J’ai fait la connaissance de monsieur André Dion en 1985, lors de la rencontre annuelle de la North American Bluebird Society, qui se tenait à Red Deer, en Alberta, où j’avais fait une présentation intitulée « La conservation du Garrot d’Islande (Bucephala islandica) : utilisation de nichoirs ». M. Dion, qui, à ce moment, s’avérait l’un des dirigeants de cette société, avait assisté à mon exposé. Je complétais, à l’époque, ma thèse de doctorat portant sur le Garrot d’Islande.

Pourtant, ce n’est que 23 ans plus tard, soit en 2008, que je l’ai rencontré à nouveau alors qu’il avait demandé à me voir pour discuter de l’oiseau en question. C’est avec un plaisir évident et une curiosité naturelle que je l’ai accueilli et que nous avons échangé sur cette espèce captivante. Non seulement M. Dion se souvenait de ma présentation, qui datait de plus de deux décennies, mais il avait également lu la plupart de mes publications concernant le Garrot d’Islande. Il m’a alors parlé de son projet d’écriture, soit un ouvrage romancé sur le Garrot d’Islande, puis m’a interrogé sur mes recherches réalisées auprès de cette espèce.

Après cette enrichissante et valorisante visite – ce n’est pas tous les jours que l’on rencontre quelqu’un qui apprécie et qui se dit motivé par vos publications –, j’ai lu son œuvre, un livre d’art richement illustré et intitulé L’Âme des oiseaux – et j’y ai alors découvert le vécu et la sagesse de ce personnage vénérable, original et… aussi coloré que le plumage de ses oiseaux.

Une lecture captivante

D’abord, sa quête de vérité, ainsi que son travail de documentation effectué pour réaliser cet opus l’ont mené jusqu’en Islande. L’homme a su habilement intégrer l’information scientifique, historique et biographique dans un cadre romancé et empreint d’émotion. Plus qu’un autre de ces livres portant sur un oiseau, c’est la narration d’une épopée homérique, de découvertes étonnantes et de rectifications historiques, apportées en mémoire des pionniers oubliés : c’est la fabuleuse histoire d’une vie entière, consacrée à la gent ailée.

M. André Dion se démarque par sa plume exquise, son vécu unique, riche et diversifié, mais, aussi, par sa passion démesurée. Ce mélange original, rare et inusité a forgé chaque ligne de ce roman. Ainsi, avec ce fil conducteur, il nous dévoile une époque méconnue de l’ornithologie québécoise et nord-américaine, nous fait visiter des endroits féeriques – de l’Islande jusqu’en Colombie-Britannique, en passant par la Côte-Nord du Saint-Laurent. Il nous raconte une histoire touchante, le tout avec une verve poétique, imagée et pleine de vivacité.

Enfin, la lecture est captivante, car on se divertit et l’on apprend… sans s’en apercevoir! Ce roman mi-fictif mi-biographique s’adresse à tous les amoureux de la nature. À chaque page, le lecteur découvrira et appréciera un auteur talentueux, inimitable et attachant. Aussi, je me considère privilégié d’avoir été l’un des premiers à découvrir cette œuvre, qui restera gravée dans ma mémoire.

 

Dr. Jean-Pierre L. Savard
Chercheur scientifique
Division de la Recherche sur la faune
Direction générale de la faune et sciences du paysage
Branche des sciences et de la technologie
Environnement Canada